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Pensée du jour : "Le plan de la rédemption" |
La nouvelle de la chute de l’homme plongea le ciel dans la consternation. Le monde nouvellement créé, contaminé par le péché, allait être habité par une race vouée à la souffrance et à la mort. Cette catastrophe souleva d’universelles lamentations. On n’entrevoyait aucune possibilité de sauver les coupables.
Mais l’amour divin avait à l’avance conçu un plan pour le rachat de l’homme. La loi, violée, demandait la vie des transgresseurs. Or, cette loi était aussi sacrée que Dieu lui-même, et seul un être égal au Très Haut pouvait, en fournissant la rançon du pécheur, devenir son substitut et le réconcilier avec lui. Cet être, c’était le Fils de Dieu, le glorieux commandant des armées du ciel. Pour accomplir cette mission, il devait prendre sur lui la coulpe et le stigmate du péché, descendre jusqu’au dernier échelon de l’ignominie, et se voir séparé de son Père. Devant cette effroyable perspective, le Fils de Dieu ne recule pas. Ému de compassion pour le couple infortuné, étreint d’une pitié infinie à la pensée des douleurs d’un monde perdu, il accepte cette entreprise avec tous ses aléas. Il se sacrifiera pour réaliser la pensée éternelle de l’amour de Dieu. Devant le Père, il plaida la cause du pécheur, cependant que l’armée du ciel attendait, dans une grande anxiété, le résultat de l’entrevue. Il dura longtemps, ce mystérieux colloque, ce “conseil de paix” (“Il sera prêtre sur son trône, et entre les deux il y aura un conseil de paix” (Zacharie 6:13, V. Crampon, Lausanne, Vevey) en faveur de l’homme. Le plan du salut, qui prévoyait l’immolation de “l’Agneau sans défaut et sans tache”, avait été formé “avant la création du monde”. 1 Pierre 1:19, 20; Apocalypse 13:8. Et néanmoins, ce ne fut pas sans lutte que le Roi de l’univers consentit à abandonner son Fils à la mort pour une race coupable. Mais “Dieu aima tellement le monde, qu’il donna son Fils, afin que tous ceux qui croiraient en lui ne périssent point, mais qu’ils aient la vie éternelle”. Jean 3:16. Cet amour de Dieu pour un monde qui ne l’aimait pas “surpasse toute connaissance”. À travers des âges sans fin, les esprits immortels confondus et prosternés, chercheront à en sonder le mystère. Perverti par le péché, l’homme était incapable par lui-même de se réconcilier avec celui qui n’est que bonté et pureté. D’autre part, Dieu ne pouvait “réconcilier le monde avec soi” (2 Corinthiens 5:19) qu’en se manifestant par l’intermédiaire de son Fils. En outre, ce Fils, après avoir racheté l’homme de la condamnation de la loi, allait pouvoir associer la puissance divine à l’effort humain. Ainsi, les enfants d’Adam pourront redevenir “enfants de Dieu” (1 Jean 3:2) par la conversion et la foi au Rédempteur. Ce plan allait requérir la collaboration du ciel tout entier. Mais lorsque le Fils de Dieu en fit part aux anges, ceux-ci, loin de se réjouir, accueillirent ses paroles au milieu d’un silence mêlé de stupeur. Le salut de l’homme, leur dit-il, va coûter des douleurs inexprimables à votre chef bien-aimé. Pour pouvoir se placer entre le pécheur et son châtiment, il lui faudra quitter le siège de la Majesté céleste, renoncer aux joies et à la gloire immortelle des régions de la pureté et de la paix, naître sur la terre comme un simple homme, y respirer l’atmosphère fétide et souillée d’un monde perdu. Après avoir participé personnellement aux douleurs et aux tentations des humains, il subira l’ignominie et la mort. Tout cela sera nécessaire pour que votre Maître soit à même de secourir ceux qui sont tentés. Voir Hébreux 2:18. À la fin de son ministère, dit encore Jésus, livré entre les mains d’hommes cruels et exposé à toutes les insultes et à toutes les tortures que Satan pourra lui inspirer, il sera suspendu entre le ciel et la terre comme un malfaiteur, et subira la mort la plus cruelle. Après de longues heures d’une agonie que vous ne pourrez contempler sans vous voiler la face, il connaîtra une suprême angoisse: chargé à ce moment-là des péchés du monde entier, il verra le Père détourner de lui son visage. À ces mots, les anges se prosternent aux pieds de leur chef et lui offrent leur vie en sacrifice en faveur de l’homme. La vie d’un ange, leur répond-il, ne saurait payer la dette du pécheur. Seul peut le faire celui qui a créé l’homme. Durant un certain temps, le Fils vous sera inférieur par la mort qu’il devra souffrir. Voir Hébreux 2:9; 1:14. Revêtu de la nature humaine, il n’aura pas votre résistance morale. Vous aurez donc à l’entourer, à le fortifier et à le soulager dans ses souffrances. Ensuite, attachés “au service de Dieu”, vous serez, par lui, “envoyés pour exercer un ministère en faveur de ceux qui doivent recevoir en héritage le salut.” Ibid. Vous aurez ainsi à protéger les sujets du royaume de Dieu de la puissance des mauvais anges et des ténèbres morales dont Satan cherchera sans cesse à les envelopper. Quand vous assisterez à l’humiliation et à l’agonie de votre Maître, vous serez tentés, dans votre douleur et votre indignation, de le délivrer de la main de ses meurtriers. Mais il ne vous sera pas permis d’intervenir pour empêcher quoi que ce soit. Les sarcasmes et la brutalité des hommes envers le Sauveur font partie du plan du salut. En devenant le Rédempteur, il doit y consentir d’avance. Apprenez que par sa mort le Sauveur rachètera un grand nombre d’âmes, et détruira celui qui a la puissance de la mort. Il revendiquera le royaume vendu à Satan par le péché, et les rachetés en partageront avec lui la possession éternelle. Le péché et les pécheurs seront anéantis et ne troubleront jamais plus la paix du ciel ou de la terre. Je vous demande, dit-il en terminant, de vous rallier à ce plan que mon Père a accepté, et de vous réjouir de ce que, par ma mort, l’homme déchu pourra être réconcilié avec Dieu. La gloire et la félicité d’un monde racheté allaient donc éclipser les douleurs et l’immolation du Prince de la vie. Alors des transports d’allégresse éclatèrent dans les cieux et les parvis célestes retentirent des premiers accords du cantique qui devait, plus tard, se faire entendre sur les collines de Bethléhem: “Gloire à Dieu au plus haut des cieux, paix sur la terre, bienveillance envers les hommes”. Luc 2:14. Avec plus d’enthousiasme encore que lors de la création du monde, “les étoiles du matin entonnèrent des chants d’allégresse, et les fils de Dieu poussèrent des acclamations”. Job 38:7. La première nouvelle du plan de la rédemption qui parvint à Adam était renfermée dans la sentence prononcée sur Satan au Paradis: “Et je mettrai de l’inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité: celle-ci t’écrasera la tête, et tu la blesseras au talon.” Cette sentence, prononcée devant nos premiers parents, contenait pour eux une promesse. Tout en prédisant une guerre entre l’homme et Satan, elle déclarait que la puissance du grand adversaire serait finalement abattue. Debout comme des criminels devant leur juge, Adam et Ève attendaient le verdict qui devait les condamner non seulement à une vie de labeur et de douleur, mais aussi à retourner dans la poussière. Ils entendirent alors ces paroles qui firent naître dans leurs cœurs une espérance consolante: s’ils devaient souffrir de la puissance de leur grand ennemi, ils entrevoyaient cependant une victoire finale. Quand Satan apprit qu’il y aurait inimitié entre lui et la femme, entre sa postérité et la sienne, il comprit que son œuvre de dépravation sur la nature humaine allait être entravée, et que l’homme serait mis à même de résister à son ascendant. Mais lorsqu’il entendit un exposé plus complet du plan du salut, il se réjouit néanmoins à la pensée qu’ayant consommé la chute d’Adam, il avait réussi à obliger le Fils de Dieu à descendre de son trône, revêtu de la nature humaine. Fier de ce premier succès, il se flatta de triompher, et de mettre ainsi en échec la rédemption de l’homme. Des anges développèrent plus en détail le plan du salut à nos premiers parents. Ils leur dirent: “Soyez certains que, malgré votre grand péché, vous ne serez pas abandonnés à la puissance de l’ennemi. Le Fils de Dieu a offert d’expier votre faute au prix de sa vie. Grâce à une nouvelle période d’épreuve, en obéissant à Dieu par la foi au Rédempteur, vous pourrez redevenir ses enfants.” Le sacrifice exigé par leur transgression révéla à Adam et Ève le caractère sacré de la loi divine. Mieux que jamais, ils virent la nature détestable du péché et ses affreux résultats. Accablés de remords et de douleur, ils supplièrent Dieu d’épargner son Fils dont l’amour avait fait toute leur joie, et de les frapper eux-mêmes et leur postérité. La loi de Jéhovah, leur fut-il répondu, est à la base de son gouvernement, aussi bien dans le ciel que sur la terre. La modifier, ne fût-ce que sur un seul point, pour l’adapter à votre état de déchéance, est hors de question. D’autre part, la vie d’un ange ne pourrait être acceptée comme rançon de sa violation. C’est le Fils de Dieu, celui qui a créé l’homme, qui seul peut la fournir. De même que la transgression d’Adam entraînera la souffrance et la mort, de même le sacrifice du Bien-Aimé apportera la vie et l’immortalité. Dans votre innocence, vous avez pu vous entretenir avec votre Créateur. Mais votre péché vous ayant séparé de lui, il n’y a que l’expiation de son Fils qui puisse franchir cet abîme, ouvrir une voie de communication entre le ciel et la terre, et apporter aux hommes le salut et la joie. Vos relations personnelles avec le Créateur, actuellement supprimées, se continueront par l’intermédiaire de son Fils et de ses anges. Ce n’était pas, d’ailleurs, l’homme seul qui était tombé sous la puissance de Satan, et qui devait être racheté; il y avait aussi notre terre. On devient esclave de celui par qui on est vaincu. Voir 2 Pierre 2:19. Quand il fut créé, Adam avait reçu la domination du globe. En cédant à la tentation, il devint le captif du tentateur, et son fief passa entre ses mains. C’est ainsi qu’en usurpant la domination de la terre confiée à Adam, Satan est devenu le “dieu de ce monde”. 2 Corinthiens 4:4. En payant la pénalité du péché, le Sauveur a racheté non seulement l’homme, mais aussi son empire. Tout ce qui a été perdu par le premier Adam sera aussi son empire. Tout ce qui a été perdu par le premier Adam sera restauré par le second. “Et toi, tour du troupeau, colline de la fille de Jérusalem”, dit un prophète, “à toi viendra, à toi arrivera l’ancienne domination”. L’apôtre Paul parle également de la “rédemption de la possession acquise”. Michée 4:8 (Segond); Ephésiens 1:13, 14 (Vevey). Dieu a créé la terre pour en faire la demeure d’êtres saints et heureux. “Dieu a formé la terre, et l’a affermie; il l’a fondée lui-même; il ne l’a pas créée pour être déserte, mais pour être habitée.” Ésaïe 45:18. Ce but sera atteint quand, renouvelée par la puissance de Dieu, exempte de péché et de douleurs, elle deviendra l’héritage éternel des rachetés. “Les justes posséderont la terre, et ils y demeureront à perpétuité.” “Il n’y aura plus d’anathème; le trône de Dieu et de l’Agneau sera dans la ville; ses serviteurs... verront sa face.” Psaumes 37:29; Apocalypse 22:3. C’est ainsi que Dieu révéla à Adam et Eve d’importants événements qui allaient marquer l’histoire de l’homme jusqu’au déluge et au premier avènement du Fils de Dieu. Ils entendirent encore ces paroles: bien que le sacrifice du Sauveur soit suffisant pour sauver le monde entier, un grand nombre d’hommes préféreront une vie de péché à une vie d’obéissance. Le crime augmentera d’une génération à l’autre, et la malédiction qu’entraîne le péché pèsera toujours plus lourdement sur le genre humain, sur le règne animal et sur la terre. Par sa perversité, l’homme raccourcira lui-même la longueur de ses jours. Il déclinera en stature, en endurance physique, ainsi qu’en force morale et intellectuelle. Le monde sera accablé de misères de tous genres. En obéissant à leurs penchants, les hommes se rendront incapables d’apprécier les grandes vérités du plan du salut. Mais, fidèle à son dessein, le Fils de Dieu ne se désintéressera pas du sort des hommes; il continuera de s’offrir à eux comme le refuge de la faiblesse et du malheur. Il suppléera aux besoins de tous ceux qui s’approcheront de lui avec foi. Aussi y aura-t-il toujours sur la terre des serviteurs de Dieu pour maintenir sa connaissance et rester purs au milieu de la perversité universelle. Pour rappeler constamment à l’homme le souvenir de son péché et lui donner l’occasion de confesser humblement sa foi en un Rédempteur futur, Dieu institua le rite des sacrifices. Le premier holocauste offert par Adam lui causa une douleur cuisante. De sa propre main, il dut ravir à un être la vie que Dieu seul pouvait donner. C’était la première fois qu’il voyait la mort, qui, sans lui, n’eût jamais frappé les hommes ni les animaux. En égorgeant l’innocente victime, il frissonna à la pensée que son péché ferait couler le sang de l’Agneau de Dieu. Cette scène lui donna un sentiment plus profond et plus vif de la gravité d’une faute qui ne pouvait être expiée que par la mort d’un être cher au cœur du Très Haut. Puis Adam s’émut devant la bonté infinie de celui qui consentait à offrir au pécheur une telle rançon. Une étoile d’espérance illumina dès lors l’avenir qui lui avait paru si lugubre et si désolé. |